Consultation à distance
Je parle à mon psy via Skype ou WhatsApp
Dans tous les cas évoqués plus avant qui rendent impossible la séance à mon cabinet, et nous oblige à faire des séances par Skype ou WhatsApp, hors cette perturbation du cadre et cette modification technique, rien ne change même « concrètement », entre mon patient et moi.
Nous poursuivons notre travail tout simplement.
Je m’installe exactement au même endroit, à mon bureau, je prends des notes de la même façon pour une séance aussi longue que d’ordinaire.
Si le réseau téléphonique fonctionne correctement, la seule différence est dans la réactivité de mes interventions puisqu’il y a, l’expérience me l’a appris, presque toujours un léger décalage, entre ce que l’un dit et ce qui est audible par l’autre. Ce n’est pas d’une importance majeure. On s’y habitue.
Ce moyen de communication est néanmoins une béquille supplétive permettant de faire fi d’une distance « géographique » (momentanée ou non) pour un « nous » qui reste, malgré elle, tout aussi transférentiellement uni.
Voilà ce que je pensais et comme je travaillais jusqu’à ce que survienne l’imprévisible : le « grand renfermement », pour reprendre l’expression parlante de Michel Foucault [*].
La crise sanitaire a exigé une distanciation de chacun avec tous pour éviter la contagion de l’épidémie du covid-19.
Mes patients et moi ont vu à quel point ce télétravail psychologique en temps « normal » supplétif est devenu une nécessité bienfaisante au temps de l’« anormal » que nous venons de connaitre, qui continue de nous menacer et avec lequel il va falloir probablement s’accoutumer à vivre.
J’ai pu poursuivre mon travail psychothérapeutique pendant le confinement avec tous les patients qui le souhaitaient. Certains y ont même pris goût s’évitant pendant le déconfinement le voyage « masqué » dans le métro. Cette façon de travailler semble avoir un avenir que je n’aurais pas même imaginé il y a quelques mois…
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[*] Voir Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, Paris Gallimard, 1972, coll. « Tel », n° 9, p. 56.